Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/173

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droit où la terre couvrira bientôt ſa dépouille, ne doit rappeller de telles erreurs que pour augmenter ſes regrets ; & les miens ſont au comble.

„ Ce fut dans ce temps même qu’on vous ramena au Couvent, pleurante, déſolée d’être ſéparée du Comte. Tout l’avantage de la comparaiſon étant alors de mon côté, je vous plaignis… Je fis plus, je vous aimai. Mon cœur ſaigna des ſouffrances du vôtre, & je n’éprouvai que de la pitié, en vous voyant retourner dans un monde que Rozane n’habitoit plus.

„ Mes entrevues avec Murville étoient fréquentes. Dans les premieres, il s’étoit comporté en homme qui reſpecte la candeur & l’innocence de ce qu’il aime. Le mariage étoit notre objet : nous en parlions ſans ceſſe… Il nous inſpiroit des tranſports auxquels je me livrois avec autant de franchiſe que de ſécurité.

„ Ces entretiens dégénérerent par degrés. Murville ſe montra plus ardent… Il fit des tentatives que j’eus la force de repouſſer… Il s’en plaignit,… attaqua mes ſcrupules qui l’embarraſſoient : eh comment ? en détruiſant tous les principes qui pouvoient me ſervir de ſauvegarde contre lui.

„ Je me ſentois affoiblir à meſure que je