Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/176

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écraſée, j’euſſe encore à pleurer mon opprobre.

„ Vous ſerez ſatisfaite, me dit-il enfin, d’un ton conſterné. Je vous demanderai à la Marquiſe ; mais ſi elle me refuſe ? — Vous refuſer ! Ne m’avez-vous pas dit qu’elle étoit votre amie ? Ne s’agit-il pas de votre bonheur ?… D’où vous vient aujourd’hui cette crainte, contre laquelle vous m’avez raſſurée tant de fois ? Auriez-vous des preuves nouvelles de l’averſion que ma mere a pour moi ? Me haïroit-elle au point de vous ſacrifier vous-même, au plaiſir barbare de me rendre malheureuſe ? — Non, je ne dis pas cela ; cependant… il pourroit ſe faire… — Quoi ? qu’elle nous déſunît ? Jamais, mon ami, jamais. Je ſerai votre femme, ou la proie de la mort. Ecoutez : je ſais que Madame de Rozane peut retarder, peut s’oppoſer à notre mariage ; mais un jour je ſerai ma maîtreſſe, & le premier uſage que je ferai de ma liberté, ſera de me donner à vous… Ce terme eſt long, j’en conviens, ajoutai-je, en lui voyant faire un geſte d’impatience ; mais ſi vous m’aimez… Eh, ſi vous m’aimiez vous-même, s’écria-t-il, me condamneriez-vous à un ſiecle d’attente ! Votre amour eſt bien foible ! puiſqu’il vous permet