Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/28

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m’a toujours haïe de même. — Haïr ; c’eſt bien fort. Mais après tout, voyons comment, pourquoi elle vous auroit aimée ? Vous êtes-vous montrée ſenſible à ſes chagrins ? attentive à les lui épargner, du moins autant que cela dépendoit de vous ? Ne les avez-vous jamais aigris, en abuſant de la prédilection qu’on vous accordoit, pour prendre avec elle des airs, des tons capables de révolter une ame délicate & fiere ?… Vous baiſſez les yeux ? les larmes dont ils ſe rempliſſent décelent que vous avez quelques reproches à vous faire… Ah ! ma chere petite, vous avez le cœur excellent ! il ſouffre, il gémit des fautes que la légéreté de votre âge vous a fait commettre : & bien, pour vous rendre vraiment eſtimable, il faut les réparer ; il faut employer cette bonté de cœur ſi précieuſe, en faveur de Mademoiſelle d’Aulnai… Vous apprendrez un jour combien l’amitié d’une ſœur peut influer ſur le bonheur de la vie… La vôtre a mille qualités ; mais quand elle auroit mille défauts, s’ils étoient involontaires, & qu’elle fût malheureuſe, vous n’en ſeriez que plus obligée à la pitié, à la complaiſance envers elle… Venez, mon enfant, venez promettre dans mes bras que vous n’omettrez rien pour l’adoucir, que vous lui marquerez le tendre empreſſement