Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/33

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d’admiration. Vous me trouvez donc bien, petite ? me dit-elle en ſouriant. — Comment bien ! vous êtes raviſſante… Je vous jure, maman, que vous n’avez jamais été ſi belle. — Ainſi donc, ma fille, vous ne ſeriez pas ſurpriſe que quelqu’un penſât à m’engager dans de nouveaux liens ! — Au contraire, je ſuis perſuadée que beaucoup de gens le defirent ; ce qui m’étonneroit, c’eſt que vous le deſiraſſiez vous-même. — Pourquoi donc, Mademoiſelle ? le nom de Tournemont vous ſemble-t-il aſſez beau pour qu’on ne puiſſe ſe réſoudre à le changer ? Mademoiſelle de Balzine, qui n’auroit pas dû le porter, feroit, ſelon vous, une grande faute d’en prendre un plus digne d’elle ?

A ces queſtions, au ton dont elles m’étoient faites, je perdis contenance ; le déſordre ſe mit dans mes propos : en vérité… je ne voulois pas dire… je ne crois pas que vous me ſoupçonniez… Treve de monoſyllabes, interrompit ma mere ; expliquez un peu mieux vos idées,… elles me paroiſſent curieuſes… J’héſitai encore… Elle ordonna… Il fallut parler. Et bien, dis-je, j’imaginois qu’étant libre, heureuſe, & ayant deux filles qui peuvent vous tenir compagnie… — j’entends : vous me faites une leçon. Achevez : dites qu’à trente-deux ans, je dois me concentrer vis-à-vis