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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/32

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trait ; & l’effet s’enſuivit, du moins quant aux dehors.

Mademoiſelle d’Aulnai tenoit de ma mere un goût décidé pour la domination ; elle n’aimoit qu’en protégeant, & ſon joug n’étoit pas léger ; mais la facilité de mon caractère obvioit à cet inconvénient… La concorde s’établit entre nous, aux dépens de ma liberté… Ma ſœur s’empara de toute ma confiance, ſans compromettre la ſienne… Je ne vis, je ne penſfai, je n’agis plus que par elle.

Nous vivions tranquilles ; mais non pas heureuſes, parce que nous touchions à cet âge où la retraite devient inſupportable… Ma mere ne parloit point de nous en retirer, & même éludoit les queſtions que je me hazardois de lui faire à ce ſujet. Affligée d’un tel ſilence, j’allois en gémir avec ma ſœur, que je touchois d’autant moins par mes plaintes, qu’elle dédaignoit d’en faire pour ſon propre compte. Malgré cela, je revenois toujours ſur la même matiere, & l’en entretenois encore, lorſqu’on vint m’avertir que Madame de Tournemont m’attendoit au Parloir : c’étoit ſa coutume de me demander la premiere, & ſouvent elle ne voyoit que moi.

Sa beauté, ſa parure étoient ce jour-là ſi éblouiſſantes, que je fis, en entrant, un cri