Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/53

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répondit-il… J’ai la tête perdue, & vous en êtes la cauſe ! Ah ! ma chere Tournemont, que nous allons être malheureux ! Et pourquoi le ſerions-nous plus que nous le ſommes, demandai-je ?… Que voulez-vous donc dire ? — Que malgré mes efforts je vous aime avec fureur… Que nous allons être en butte aux perſécutions de votre mere… Que jamais… Ah ! jamais, interrompis-je, jamais vous ne me ferez craindre des malheurs, en m’aſſurant que vous m’aimez.

Cette imprudence auroit ſans doute été ſuivie de beaucoup d’autres, tant la joie portoit de déſordre dans mon cœur & dans mon eſprit ; mais nous entendîmes du bruit, qui nous obligea de nous ſéparer au plus vîte.

L’après dînée, Madame de Rozane chargea Marcelle de me conduire chez Madame de Villeprez, pendant qu’elle ſeroit à l’Opéra. La mere & la fille travailloient ſur un même métier de tapiſſerie : elles étoient ſeules. Une légère inclination de corps fit tous les frais de leur accueil… Madame de Villeprez ſonna, parla bas à un domeſtique, & ſe remit à ſon ouvrage, ſans qu’il fût queſtion de moi. Cette réception m’offenſa… J’allois me retirer, quand elle m’adreſſa la parole. Madame la Marquiſe