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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/54

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eſt ſans doute au ſpectacle ? — Oui, Madame. — Il eſt bien ſingulier, qu’à l’âge où vous êtes, elle ne vous mene preſque jamais avec elle ! C’étoit auſſi mon opinion ; mais je me tus. Une mere prudente, reprit-elle, ne devroit point détourner les yeux de deſſus la conduite de ſa fille. — Ma mere eſt & doit être fort tranquille ſur la mienne, quand j’ai l’honneur d’être chez vous, Madame. — Mon Dieu, ne s’égare-t-on pas par-tout ?… Que peut le zele le plus ardent, s’il eſt dépourvu de l’autorité néceſſaire pour arrêter le progrès du mal ? Du mal ? répétai-je, qu’eſt-ce que cela ſignifie ?… Madame, ſuppoſeriez vous ? — Je ne ſuppoſe rien, Mademoiſelle, je raiſonne, & crois raiſonner juſte, en diſant qu’une mere ne doit jamais perdre de vue ſa fille… Mademoiſelle de Villeprez eſt raiſonnable, j’oſe le dire devant elle, parce que je la connois ; cependant je ne me repoſerois ſur perſonne du ſoin de la ſurveiller. — Ma mere m’honore de plus de confiance, Madame, & probablement vous ne vous attendez pas que je me joigne à vous pour lui en faire un reproche ? Mademoiſelle de Tournemont la chérit & la reſpecte trop pour ſe permettre une telle licence, dit Mademoiſelle de Villeprez avec un ſouris ironique… Je rougis, je pâlis, je cherchois la manière de repouſ-