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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/10

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expliquer paiſiblement… D’abord, comment prétendez-vous que j’ai trompé votre ſœur ? — En faiſant tout ce qu’il falloit pour lui perſuader que vous étiez amoureux d’elle. — Je ne la trompois pas, cela étoit vrai. — Cela étoit vrai ! Vous oſez en convenir, & vous l’avez abandonnée ! — Je n’ai fait que ce qu’on voit arriver tous les jours, quand les circonſtances y déterminent. — Mais vous cherchiez à la ſéduire, en attendant qu’elles vous déterminaſſent. — Je le cherchois ? Non : l’occaſion ſeule en penſa décider. Une femme qui nous met aux priſes avec nos ſens, n’a rien à nous reprocher quand la tête nous tourne, & que nous travaillons à faire tourner la ſienne.

J’ai voulu me faire aimer de votre ſœur, parce qu’elle me plaiſoit, parce que je croyois l’épouſer, & trouvois aſſez piquant de filer l’aventure à la maniere des romans : elle eſt devenue tragique, j’en ſuis fâché ; mais qui diable auroit pu le prévoir ? Il n’y avoit qu’une fille de couvent, capable d’aimer avec cette fureur. — Et pourquoi, demandai-je, n’avez-vous pas oppoſé plus de réſiſtance aux volontés de ma mere ? Pourquoi avez-vous fait violence à vos inclinations, pour tyranniſer les miennes ? Je jure, répondit-il, que je n’ai pu mieux faire… Mais cette hiſtoire exigeroit un dévelop-