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pement de détails dont votre amour-propre ne ſeroit pas flatté ; & quand votre ſexe eſt bleſſé de ce côté-là, il devient intolérant ſur tout le reſte.

Fort bien ! dis-je, en étouffant de colere, ajoutez l’inſulte à vos noirceurs. Mon amour-propre ! quels coups pouvez-vous lui porter qu’il n’ait déja reçus ? Vous me direz que vous ne m’aimez point, que vous ne m’avez jamais aimée, que l’intérêt ſeul a décidé de votre mariage avec moi ? Je ſais tout cela, Monſieur, & j’ajoute que je ſuis très-diſpoſée à en recevoir la confirmation de votre bouche.

A la bonne heure, reprit-il : je n’eſpérois pas de vous trouver ſi raiſonnable… Puiſqu’il eſt ainſi, je vais vous parler avec une entiere franchiſe.

La néceſſité de faire un mariage de fortune, dirigea mes vues ſur vous, dès que je fus lié d’amitié dans votre famille. Comme vous n’étiez qu’un enfant, je pris le parti de cacher mon deſſein, juſqu’à ce que le temps me parût propre à le manifeſter.

La mort de votre pere changea mon plan, je jettai les yeux ſur ſa veuve, en qui je trouvois le double avantage d’une femme charmante, & d’une fortune, à la vérité, moins conſidérable que la vôtre, mais dont je pouvois jouir ſans retardement.