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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/126

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beaux jours de Sparte et d’Athènes ; M. Paoli, plein de ces sentiments, de ce génie que la nature ne réunit dans un même homme que pour la consolation des peuples, parut en Corse pour fixer les regards de l’Europe. Ses concitoyens ballottés par les guerres civiles et étrangères, reconnurent son ascendant et le proclamèrent à peu près comme jadis Solon le fut à Athènes ou les Décemvirs à Rome. Les affaires étaient dans un tel désordre qu’un magistrat, revêtu d’une grande autorité et d’un génie transcendant pouvait seul sauver la patrie.

Heureuse la nation où la chaîne sociale n’est pas assez rivée pour craindre les conséquences d’une démarche aussi téméraire ! Heureuse lorsqu’elle a des hommes qui, justifiant une confiance aussi illimitée, s’en rendent dignes !

Arrivé au timon des affaires, appelé par ses compatriotes à leur donner des lois, M. Paoli établit une constitution, non seulement fondée sur les mêmes principes que l’actuelle, mais encore sur les mêmes divisions administratives. Il y eut des municipalités, des districts, des procureurs-syndics, des procureurs de la commune. Il renversa le clergé et appropria à la nation le bien des évêques. Enfin la marche de son gouvernement est presque celle de la révolution actuelle. Il trouva dans son activité sans pareille, dans son éloquence persuasive et chaleureuse, dans son génie pénétrant et facile, de quoi