Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garantir sa constitution naissante des efforts des méchants et des ennemis, car on était alors en guerre avec Gênes.

Mais à nos yeux le principal mérite de M. Paoli est d’avoir paru pénétré du principe qu’en consacrant la loi civile, le législateur devait conserver à chaque homme une portion de propriété telle qu’avec un médiocre travail elle pût suffire à son entretien. Pour cela il distingua les territoires de chaque village en deux espèces : ceux de la première furent les plaines bonnes aux semailles et aux pâturages ; ceux de la seconde furent les montagnes propres à la culture de l’olivier, de la vigne, du châtaigner, des arbres de toute espèce. Les terres de la première espèce, appelées pacages, devinrent la propriété publique et l’usufruit particulier. Tous les trois ans, le pacage de chaque village se partageait entre les habitants. Les terres de la seconde espèce, susceptibles d’une culture particulière, restèrent sous l’inspection de la cupidité individuelle. Par cette sage disposition, tout citoyen naissait propriétaire, sans détruire l’industrie, sans nuire aux progrès de l’agriculture, enfin sans avoir d’ilotes.

Mais tous les législateurs ne se sont pas trouvés dans les mêmes circonstances, tous n’ont pas pu maîtriser les choses et les conduire à une aussi heureuse fin ; cependant pressés par le principe, ils lui