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« Qu’il énumère tous les marais desséchés, tous les canaux, tous les ports creusés, toutes les routes ouvertes, tous les monuments élevés, toutes les industries créées en quatorze ans de guerre, et qu’il compare ces résultats avec ceux obtenus en vingt-huit ans de paix avec un budget plus élevé de six cent millions par an.

« Enfin même, ces prisons d’État, si décriées dans l’opinion, étaient établies sur un système plus humain, plus légal et moins arbitraire que les prisons de la Restauration, que les prisons de Doullens et du Mont-St-Michel du régime actuel. Sous la Restauration, les prisonniers politiques étaient confondus avec les galériens ; aujourd’hui ils ne peuvent faire valoir leurs plaintes que devant des inspecteurs ou des préfets, hommes trop dépendants pour oser prendre la défense d’ennemis du gouvernement. Sous l’Empire, les prisons d’État étaient visitées par des conseillers d’État en missions extraordinaires, fonctionnaires publics les plus haut placés après les ministres, et qui, par leur caractère politique, pouvaient faire prévaloir sans crainte la justice et l’humanité.

« Qu’en philosophe, en homme consciencieux, comme je me plais à le juger, M. de Lamartine scrute avec impartialité les actes de Napoléon, et il lui rendra justice comme au premier organisateur de la démocratie française, comme au promoteur le plus fervent de la civilisation.

« Napoléon eut ses torts et ses passions ; mais ce qui le distinguera éternellement de tous les souverains aux yeux des masses, c’est qu’il fut le roi du peuple, tandis que les autres furent les rois des nobles et des privilégiés.

« Comme citoyen, comme homme dévoué aux libertés de mon pays, je fais une grande distinction entre le Consulat et l’Empire ; comme philosophe, je n’en fais aucune, parce que, Consul ou Empereur, la mission de Napoléon fut toujours la même. Consul, il établit en France les principaux bienfaits de la révolution ; Em-