Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/103

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Un mot maintenant du décret présidentiel :

Il n’est pas vrai, et cela importe peu, que ce soit sur ma demande qu’une mission en Algérie m’a été donnée. Elle m’a été instamment proposée par le président de la République, comme le prouve la lettre qu’il me faisait écrire par M. Ferdinand Barrot dans les Ardennes, où j’avais été passer le temps de prorogation de l’Assemblée.

En second lieu, il n’est pas vrai que je me sois engagé à remplir un service, dont la durée aurait pu être fixée par le gouvernement. Ma mission qui, d’après la loi électorale organique, n’aurait pu, en tous cas, durer plus de six mois, était temporaire, indéterminée, gratuite et dépendante de ma volonté. On concevrait même difficilement qu’il eût pu en être autrement.

D’un autre côté, mon grade de chef de bataillon au titre étranger ne me dépouillait pas apparemment de mon caractère de membre du pouvoir législatif ; et quoi qu’en dise le président de la République, dont les décrets, grâce à Dieu, n’ont pas encore force de loi, j’étais parfaitement le maître de revenir, sans l’autorisation de personne, siéger à mon poste le plus important, à l’Assemblée nationale, et j’étais seul juge de l’opportunité de mon retour. Du reste, le but de la mission que m’avait donnée le général Herbillon était rempli, du moment que les renforts qu’il attendait, et que j’avais rencontrés en marche, étaient assurés.

Enfin, si nos gouvernants avaient nos lois organiques un peu plus présentes à l’esprit, ils sauraient que tout officier, représentant du Peuple, est en non-activité hors cadre, et que la révocation qu’ils décrètent ne peut porter que sur le grade, et non sur l’emploi, puisque je n’en ai pas.