Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/33

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d’auberge et de poste retranché. Je fus reçu par un sergent allemand de la Légion étrangère, à qui en était confiée la garde. Les Arabes, pour lesquels l’abreuvoir est d’une grande utilité, l’entouraient, en foule, hommes et femmes de différents douairs. Je me mêlai un instant à eux, et je pus remarquer que les événements qui s’accomplissaient avaient leur influence sur ces populations, et qu’une partie, du moins, était déjà ouvertement hostile à notre domination.

Le lendemain, nous étant mis en marche sous un soleil ardent, nous fîmes notre halte et notre déjeuner à l’ombre de rochers gigantesques ; après quoi, nous quittâmes enfin la zone brûlée et sans bois que nous suivions depuis Constantine, pour entrer dans celle couverte d’une végétation vivace qui entoure Batna. A peu de distance de ce chef-lieu, nous nous arrêtâmes à un beau moulin qui fournit les farines de la garnison, et qui était gardé par un détachement du 5me bataillon de chasseurs à pied. Au moment où nous reprenions notre marche, je vis accourir à ma rencontre un groupe d’officiers du 2me régiment de la Légion étrangère qui, M. le lieutenant-colonel de Caprez en tête, me firent le meilleur accueil. Avec eux, je retrouvai M. Pichon, lieutenant aux chasseurs d’Afrique, que j’avais connu à Paris, où nous eûmes ensemble le bonheur de rendre moins graves les suites d’un duel inévitable entre deux vaillants officiers, porteurs de deux des plus beaux noms de l’époque impériale.

En causant avec ces braves, je fus bientôt rendu à Batna, création de nos soldats, qui prend déjà les proportions d’une petite ville. Un simulacre d’enceinte, inachevée, et qui n’offrirait pas grande résistance en Europe, paraît devoir suffire à la garantir,