Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/34

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au besoin, de toute attaque de la part des Arabes. Par ordre de M. le colonel Carbuccia, en ce moment à la colonne expéditionnaire, son logement fut mis à ma disposition par M. le lieutenant-colonel de Caprez, qui m’en fit les honneurs avec une charmante cordialité. Je commençai, dès lors, à sentir les effets de l’hospitalité, vraiment corse, du colonel Carbuccia et de sa vive amitié, qui ne s’est point démentie, et qui a été pour moi une consolation, au milieu des avanies que j’ai essuyées.

J’eusse voulu poursuivre ma route le lendemain, mais M. de Caprez, commandant intérimaire, ne crut pas devoir me laisser partir avec une aussi faible escorte, et il me prescrivit d’attendre au surlendemain, 19 octobre, le départ d’un convoi, dont il m’accorda le commandement. Cette précaution était bien loin d’être superflue. La province tout entière se trouvait dans une agitation extrême. Non-seulement des meurtres sur des hommes isolés avaient eu lieu, même sur la route de Constantine que nous venions de parcourir, mais les montagnards des Aurès, dont le territoire s’étend presque aux portes de Batna, s’étaient montrés en force dans la vallée de Lambesa, à une très petite distance de la place. Lambesa est une ancienne ville romaine, dont les ruines sont d’un grand intérêt pour les archéologues. Dans des fouilles dirigées par le colonel Carbuccia, on y a trouvé des objets extrêmement intéressants, et particulièrement des statues d’un très beau style que j’ai vues à Batna. C’est sur les débris de cette vieille résidence des maîtres du monde que le gouvernement se propose de fonder la colonie où doivent être transportés les malheureux combattants de juin. Ni les matériaux, pierres et bois, ni des eaux