Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/38

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convoi, sur un grand front, quand le passage des lits desséchés des torrents n’obligeait pas à le réduire, le reste des fantassins, la cavalerie, et un peu plus loin, en arrière-garde, un sous-officier et quatre cavaliers ; enfin, deux autres spahis fermaient la marche, et quatre chasseurs à droite et à gauche la flanquaient. Cette petite colonne était très originale et pittoresque, dans une plaine sauvage jalonnée de ruines d’anciens postes romains. Pour l’empêcher de s’allonger, nous faisions, toutes les heures, une halte de cinq minutes, et malgré les prescriptions réglementaires, je permis aux fantassins de déposer les sacs sur des mulets haut le pied, attention à laquelle nos soldats sont très sensibles.

Nous arrivâmes de bonne heure à la rivière des Tamaris, où nous fîmes notre grande halte. Ce lieu est célèbre par les fréquentes embuscades des Arabes. Tandis que nous déjeunions, nous vîmes arriver une évacuation de nos blessés, parmi lesquels étaient MM. Marinier et Thomas, capitaines dont l’état nous inspira, pour leur vie, de vives inquiétudes. Ils venaient de Biscara, sous l’escorte d’un détachement de chasseurs d’Afrique. M. Hamme, officier commandant, portait l’ordre de faire rétrograder, avec les blessés, les troupes que j’amenais de Batna. Je renvoyai donc mon escorte, hormis M. Bussy, les deux chasseurs et deux des spahis que j’avais pris à Constantine, les deux autres étant restés malades à Batna, et je me remis en route avec M. Hamme, dont le détachement faisait partie de l’escadron du capitaine Vivensang, qui nous attendait à El-Kantara.

En quittant la rivière des Tamaris, et à mesure qu’on avance