Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/40

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Sans doute, nous avons en France de beaux et bons régiments, mais il n’en est point qui satisfassent autant que cette admirable cavalerie de chasseurs d’Afrique l’observateur consciencieux qui aime à voir les agents de guerre véritablement appropriés à leur destination. Le soir, dans la tente du capitaine, je soupai gaiement avec les officiers, MM. Hamme, Chabout et Lermina. La soupe à l’oignon ni le vin bleu ne furent dédaignés. Du reste, le caïd de l’endroit, revêtu d’un bournous d’investiture, c’est-à-dire rouge, donné par nos autorités, nous fit apporter des poules, des œufs et des oranges amères.

Le 21, au lever du soleil, nous pliâmes bagage et nous fîmes filer aussi lestement qu’on put nos mulets arabes et leurs conducteurs. La route ne nous offrit rien de particulièrement remarquable, si ce n’est une roche de l’aspect le plus bizarre, imitant à s’y méprendre, même à une faible distance, les ruines d’un château féodal. A la grande halte, nous chassâmes, le capitaine et moi, aux bords d’une rivière couverts de lauriers roses, et, malgré l’avis qu’on nous avait donné que nous rencontrerions l’ennemi avant d’être à El-Outaïa, nous arrivâmes sans encombre, après quelques heures de marche, à cette misérable oasis, dont les plantations ont été complètement détruites par Ahmed, bey de Constantine. Nous nous trouvions à environ deux cents kilomètres de cette ville, et à trente seulement de Biscara.

Le caïd et le maréchal-des-logis des spahis bleus du Désert, cavaliers irréguliers qui font pour nous le service de la correspondance, vinrent nous recevoir. Ce maréchal-des-logis, qui s’appelle Déna, est un ancien chef de parti, autrefois la terreur du pays, qu’il parcourait en rançonnant, à la manière