Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/46

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de la Légion, dont j’ai déjà parlé, et qu’un bonheur inespéré me faisait trouver en pleine convalescence, bien qu’il eût eu le cou traversé d’une balle, de la même balle qui avait frappé le colonel du génie Petit, dont toute l’armée déplore la perte.

Le lendemain au matin, avec une escorte d’une vingtaine de chasseurs, je partis pour le camp du général Herbillon. Désormais, nous voyagions dans le Sahara. Le sable, où nos chevaux enfonçaient parfois jusqu’au genou, nous l’aurait dit assez, à défaut de l’aspect tout différent du pays. Zaatcha se trouve à sept ou huit lieues de Biscara. Nous avions tourné à l’ouest ; à gauche nous apercevions le désert, dont la monotonie n’est interrompue que par les palmiers des oasis se montrant de temps en temps à l’horizon. A droite, l’extrême Atlas élève, comme une enceinte continue du Tell, sa croupe décharnée et dépourvue de toute végétation, étayée, en guise de contre-forts, par d’énormes masses de sable que le sirocco y amoncelle.

A une lieue du camp, je piquai des deux, et je ne fus pas longtemps sans l’apercevoir. M. le colonel Carbuccia, venu à ma rencontre avec quelques officiers de son régiment, me conduisit à sa tente, et de là à celle du général qui m’accueillit très bien. Celui-ci me confirma qu’il me destinait au commandement d’un bataillon de la Légion, ce qui n’était pas absolument ce qu’on m’avait promis à Paris. Le 1er régiment de la Légion étrangère, auquel j’appartenais, était dans la province d’Oran ; il n’y avait devant Zaatcha que deux faibles bataillons du 2e, dont M. Carbuccia est colonel. Je me félicitais d’ailleurs de servir sous les ordres d’un Corse qui déjà