Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/81

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soir, M. le général de Salles m’apprit que M. le colonel Canrobert devait, sous peu, effectuer sa jonction avec la colonne de Zaatcha, et que le 8e bataillon de chasseurs à pied, campé aux portes de la ville, allait aussi se mettre en marche pour les Ziban, ce qui portait à plus de 3,000 hommes la totalité des renforts envoyés au général Herbillon. Celui-ci n’en demandait pas davantage pour terminer ses opérations.

Je reçus à Constantine, dans la maison de M. le docteur Ceccaldi d’Evisa, chirurgien principal, l’hospitalité la plus affectueuse, et le 5 au matin, je partis pour Philippeville. Le bateau à vapeur d’Alger partait le lendemain ; un autre était attendu qui devait appareiller le 8, directement pour Marseille. Les renforts assurés, le but principal de ma mission étant de hâter leur arrivée, elle se trouvait remplie, et il devenait inutile de faire une double traversée, et de passer par Alger. Je résolus donc de partir par le bateau du 8 ; j’écrivis, dans ce sens, au gouverneur général, et je lui expédiai immédiatement mon ordonnance, avec ma lettre et la dépêche du général Herbillon. La réponse que j’ai reçue, loin d’exprimer aucun blâme, est très aimable et honorable pour moi. On ne comprendrait pas, en effet, qu’on se soit plu à dénaturer une chose aussi simple, si depuis longtemps l’esprit de parti n’était pas en guerre ouverte avec l’impartialité et la bonne foi [1].

Le 7, les Corses résidant à Philippeville m’offrirent un banquet. C’étaient des soldats, des négociants, des marins ; réunion touchante qui, sur le sol d’Afrique, me rappelait

  1. Voyez aux Pièces justificatives mes interpellations au ministre de la guerre.