Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/80

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Après cette chasse, nous rencontrâmes une colonne de renforts qui allait rejoindre le général Herbillon. A sa tête étaient M. le lieutenant-colonel de Lourmel et d’autres officiers supérieurs, circonstance bonne à retenir pour le moment où il sera question de la réponse que me fit M. le ministre de la guerre à la tribune de l’Assemblée.

Arrivés à Aïn-Mélilla, où nous passâmes la nuit, nos spahis nous donnèrent le spectacle de quelques jeux du pays. D’abord, ce fut une espèce de danse, pour laquelle des couples se forment, en se donnant le bras ; un des deux partenaires se voile le visage et représente une fiancée, l’autre le prétendu ; les couples défilent devant le spectateur, en se dandinant et en chantant à la moresque sur un air monotone. Un second jeu consiste à placer un homme, accroupi et entortillé dans son bournous, sous la protection d’un autre qui se tient debout derrière lui, et lui appuie les mains sur les épaules, prêt à lancer des coups de pied à ceux qui l’attaquent. Le premier est le mouton, le second le chien, les autres joueurs sont les chacals, et il leur est permis de porter force coups au mouton, ou de le tirer par son bournous pour le faire tomber, mais ils ont à se garer du chien, contre lequel ils n’ont d’autre recours que de lui saisir le pied avant qu’il les frappe. Ces exercices paraissaient égayer beaucoup nos spahis, et pour moi, il n’était pas sans intérêt de voir la naïveté de ces braves gens qui s’amusent comme des enfants et se battent comme des hommes.

Le 4, M. Osman retourna avec eux à Batna, et je continuai ma route. A peu de distance d’Aïn-Mélilla, je rencontrai de nouveaux renforts. A Constantine, où je fus rendu avant la