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Canadiennes d’hier

délicate et vous prie par la même occasion de mettre un autre comble à vos bontés ; (c’est peut-être trop vous demander, attendu qu’il s’agit de faire mentir un de vos proverbes favoris) : Entretenez l’enthousiasme de votre Jean, gros’maman, si tant est qu’il en ait. Je veux demeurer près de son cœur, malgré l’éloignement.

Depuis quelques jours, je travaille à mon trousseau… de vacances. J’ai taillé et cousu, sans l’aide de personne, une petite robe de shantung écru qui n’est réellement pas mal. Tout unie, avec, pour seule garniture, une rangée de boutons rouges du plus audacieux effet. 18 boutonnières ! vous voyez que je ne ménage pas ma peine.

Le beau Jacques était, tantôt, plongé dans son Montaigne. Il en est sorti un instant pour me recommander de vous dire qu’il a hâte aux vacances comme un écolier. Vous pensez bien que, moi, je les appelle de tous mes vœux. En attendant, écrivez-moi, j’ai soif de vos lettres.

Votre chère fille Sylvie.

P. S. — Que diriez-vous, gros’maman, si, par un beau soir de juillet prochain, vous voyiez arriver papa dans sa tunique d’écolier du collège de Sainte-Anne de Lapocatière ?


Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 4 juin 1913

Ce que je dirais, follette ! Je dirais que votre père se pense en carnaval ou qu’il tombe en enfance. Je

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