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Canadiennes d’hier

de 6 heures et demie sonnait, deux bonnes vieilles et un petit vieux y entraient, j’ai pensé que je pourrais en faire autant en attendant le déjeuner…

— C’est édifiant ! tu mérites d’aller souvent voir lever le soleil à Québec, puisque tu te conduis si bien…

Sur cette perspective agréable, le « plus joli garçon de la province de Québec » s’est retiré en souriant et, moi, comme dans les contes, je suis restée ici pour tout vous raconter.

Dormez sur vos deux petites oreilles roses, chère fille, et ne soyez pas jalouse du Roi-Soleil.

Votre vieille amie,
V. A. Tessier

Mlle Démerise Bellanger à sa sœur Pauline
St-Jean-Port-Joli, 25 mai 1913
Ma chère Pauline.

Il y a longtemps qu’on se dit : « Faut pourtant écrire à Pauline, faut pourtant écrire à Pauline » et il y a toujours eu quelque chose pour nous en empêcher. Dans le jour, l’ouvrage commande ; rendu au soir, les petits garçons font leurs devoirs, on peut pas avoir l’encrier, ou bien on s’endort : quand c’est pas une affaire, c’est une autre.

Aujourd’hui, c’est dimanche et il fait beau. Papa est monté aux champs pour voir comment il va prendre l’ouvrage demain matin ; maman est avec Mam’zelle Louise ; les jeunesses sont pas revenues des vêpres ; tout le monde est sorti, excepté le

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