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Canadiennes d’hier

chez vous, j’étais debout depuis cinq heures pour traire encore les vaches avant de revenir à mon école. Souvent, vous étiez dans votre parterre, le soir, quand je traversais le village, vous me faisiez des compliments avec un aimable sourire, vous disiez :

« Cette petite Bellanger a du cœur… c’est du bon butin le garçon qui l’aura pour femme ne sera pas à plaindre… » ou quelque chose comme ça. Je savais bien qu’il fallait en prendre et en laisser, mais je n’aurais jamais cru que vous voudriez nuire à mon établissement !

Madame Tessier, donnez-moi une petite chance : trouvez le moyen d’empêcher Mlle Carrière de venir passer ses vacances à St-Jean-Port-Joli. Si Jean l’aime, il sait où elle reste, elle n’a pas besoin de courir après… Aussi je vous demande en grâce de ne pas dire à Jean que je vous ai écrit. C’est le moins que vous puissiez faire pour réparer le tort que vous m’avez causé.

Pardonnez-moi la liberté que je prends ; c’est en s’expliquant qu’on se fait comprendre. J’espère, madame, qu’en le faisant, je n’ai pas manqué au respect que je vous dois.

Votre humble servante.
Pauline Bellanger

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, le 7 juin 1913

J’aurais voulu vous épargner, chère Sylvie, le moment d’inquiétude que les dimensions extraor-

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