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Canadiennes d’hier

lettre et encore moins que je passerais à vous écrire tout un après-midi que j’avais promis de lui consacrer.

J’ai beaucoup regretté que mon cousin Élie Dumas, sa sœur Régina et mon Alice aient été absents quand vous êtes venue. J’aurais aimé vous les présenter et aussi qu’ils m’aident à vous faire connaître notre St-Jean. Ma Régina vous aurait conduite chez nos voisins d’en face et madame Caron se serait fait un plaisir de vous laisser voir l’intérieur de la maison de vos grands-parents. Il y a dans le salon quelques restes de l’ancien ameublement : une table, un grand canapé, le piano carré, ainsi que le tapis à ramages et le papier-tenture posé par votre grand’mère il y a plus de quarante ans, ce papier que votre grand-père trouvait si laid (vieil or et café au lait) et qui revient à la mode de nos jours. Il est merveilleusement conservé grâce à cette mauvaise habitude qu’ont les bonnes gens de la campagne, sauf exception, de ne pas enlever les doubles fenêtres en été et de tenir bien closes les persiennes de la pièce de réception, pour la garder fraîche. Oui, fraîche… et humide en même temps. Le pauvre grand piano a souffert de ces précautions de ménagère mal inspirée, il a la voix enrouée et la touche dure. Malgré cela, vous auriez peut-être aimé promener sur son clavier vos petites mains si pareilles à celles de votre tante Amélie. Ensuite, on vous aurait fait remarquer les érables, plantés par votre grand-père. qui font à mon parterre un si beau champ de verdure. Votre beau-frère vous aurait attendue

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