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Canadiennes d’hier

tions indiscrètes, de détails sans importance, de sentiments et de souvenirs. Mon esprit aurait voulu le contenir, mon cœur voulait tout dire à la fois.

Valérie A. Tessier

Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier

Québec, 20 septembre 1912.
Chère madame,

Merci de votre aimable lettre ; elle est bien telle que je la souhaitais. Quelle délicieuse confidente vous allez faire ! À vous je dirai tout sans crainte. Vous connaîtrez mes défauts, c’est vrai, mais j’oserai parler de ma tristesse et de mes ennuis pour que vous m’en prescriviez le remède. C’en est un excellent, déjà, de savoir que ma petite personne peut vous paraître intéressante.

Chère madame, j’ai 22 ans, pas 18, mais pas 32 non plus. Dieu merci ! Vous avez dû voir, chez mes grands-parents, ma sœur Geneviève, morte à 8 ans, et vous me prenez pour elle.

En 1889, mes parents firent un séjour de quelques mois à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle. Pendant la traversée, maman s’était liée d’amitié avec une jeune Française qui venait d’épouser un médecin de Québec, le docteur G. Elle a continué de la voir, après son retour, et lorsque je naquis — exactement, le 15 mars 1890,

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