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Canadiennes d’hier

râbles vitraux, le jubé, le portail et la châsse de sainte Geneviève, patronne de la ville.

En revenant prendre le métro, nous étions entrés, dans la cour du musée de Cluny, voir encore une fois les fenêtres gothiques et les magnifiques lucarnes que j’avais regardées plutôt distraitement à une précédente visite au Musée.

On m’en faisait trop admirer, j’éprouvais parfois de la fatigue. Ce jour-là, pour un autre motif, j’avais peine à écouter les explications de mon guide. Le moment approchait de lui dire adieu et mon cœur se serrait ; je me rendais compte pour la première fois de la force du sentiment qu’il m’inspirait. Je ne savais rien de son passé, il ne m’avait rien dit de ses projets d’avenir, je n’espérais rien de précis sinon que, peut-être, l’adieu pourrait se changer en au-revoir. Mon visage devait laisser voir le « trop-plein » de ma tristesse, malgré les efforts que je faisais pour paraître m’intéresser aux croisillons de pierre des fenêtres gothiques. Nous étions dans le coin de la cour, à droite, près de la margelle du puits du manoir du Sauvage, — je m’en souviendrai toujours, — André parlait des armes du cardinal d’Amboise, des abbés de Cluny et, je ne sais plus par quelle transition, il en est venu à me dire qu’il était séminariste avant la mobilisation et qu’il avait l’intention de poursuivre ses études de théologie aussitôt que sa santé le lui permettrait, les épreuves de la guerre n’ayant fait que l’affermir dans sa vocation.

Encore un qui avait mieux à faire que de se consacrer à mon bonheur !

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