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Canadiennes d’hier

Le coup a été rude, mais je l’ai encaissé sans sourciller, les yeux rivés à un croisillon de fenêtre comme à celui d’un crucifix. J’ai appris en France à montrer du cran. L’exemple ne m’a pas manqué.

Avant cette dernière déception, j’hésitais à suivre mes compagnes à Constantinople où l’on requiert nos services aux hôpitaux des Alliés. Mais, après cela, je n’ai rien de mieux à faire que de rester à la tâche jusqu’au bout, malgré un peu de fatigue et une forte dépression morale. C’est le meilleur moyen de m’en tirer.

Il n’est guère probable que je m’éprenne jamais d’un sujet du Grand Turc, mais si cela arrivait, soyez tranquille, Régina, je suis bien sûre que celui-là aussi se défilerait comme les autres. Allah lui en ferait un devoir.

Je ne sais pas combien de temps on aura besoin de nous là-bas. Je voudrais, en revenant, puisqu’on nous débarquera à Marseille, en profiter pour voir le Midi et, tandis que je serai en France, visiter aussi la Touraine, la Normandie, la Bretagne. Si rien ne vient contrarier mes projets, je ne retournerai pas au Canada avant la fin de l’année qui va commencer, peut-être même un peu plus tard.

Je vous tiendrai au courant de mes faits et gestes. Les cartes postales illustrées sont faites spécialement pour les nomades, les paresseuses ou les personnes très occupées qui n’oublient pas cependant leurs amis.

Dès mon arrivée à Québec ou à Montréal, je vous écrirai quand je pourrai profiter de votre in-

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