Page:Bonenfant - Canadiennes d'hier, lettres familières, 1941.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Canadiennes d’hier

Vous comprenez que Atlantic City, Old Orchard Beach, etc., ne m’attirent pas irrésistiblement. J’aime mieux les bords de mon Saint-Laurent ô gué, et j’ai hâte de me retrouver avec vous, mes chers amis, dans la maison qui n’a pas changé, où l’on se souvient. Elle est mon port de salut. Chemin faisant, je m’arrêterai quelques heures à Québec, en pèlerinage, Hélène prétend que ma vieille Cati ne me reconnaîtra pas, je veux au moins m’en assurer. Je me propose de longer des rues étroites, de passer sous des porches, par des portes jadis fortifiées, de revoir la Terrasse, les remparts, les vieux canons ; je voudrais rencontrer des fantômes, y compris celui de l’ancienne Sylvie. J’irai ensuite déjeuner chez Kerhulu, puis je descendrai l’escalier de la basse ville… et je partagerai ma dévotion entre le buste de Louis XIV et l’église Notre-Dame-des-Victoires en attendant l’heure du train.

Si je n’avais pas l’espoir de me sentir enfin rapatriée en mettant le pied sur le sol de St-Jean-Port-Joli, je regretterais de ne pas avoir suivi ma première idée qui était de passer l’été en Bretagne.

À cette fin, je m’étais rendue directement de Paris à Saint-Malo. Je vous raconterai les belles excursions que j’ai faites aux environs. Je me proposais de visiter ensuite la Bretagne bretonnante et d’y mettre toute la belle saison. Mais voilà ! La ville de Saint-Malo est bâtie sur une presqu’île, elle a la forme d’un navire et toutes ses statues font face à la mer. Chateaubriand, au pied des remparts, a l’air en contemplation devant le Grand-Bé, son tombeau, et ne voit pas plus loin

201