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Canadiennes d’hier

Merci mille fois, chère madame, de votre très aimable attention. Père et fille en ont été tout remués.

Sylvie Carrière

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 1er octobre 1912

Chère fille, mon Élie est revenu enthousiasmé de votre accueil, et honteux d’avoir demeuré chez vous si longtemps. Il m’a expliqué comment ça s’est fait. Votre bonne Catherine, qui lui a ouvert la porte, l’a reconnu à son air de famille et lui a dit en le regardant fixement : « Je compte que vous êtes un monsieur Dumas de St-Jean-Port-Joli ? » Vous étiez là, tout près, dans l’entrée, coiffée et gantée, prête à sortir. À peine a-t-il eu le temps de dire « oui » qu’il était introduit, assis dans un fauteuil, remercié des prunes, pressé de questions, enfin, traité en ami qu’on a toujours connu. Il ne sait pas au juste ce que vous avez dit, ni ce qu’il a bien pu vous répondre, il était trop intimidé. Régina lui a demandé quel costume vous portiez ; il ne l’a pas remarqué ; tout ce qu’il sait, c’est que vous avez du chic, les plus jolies manières du monde et des mains comme il n’en avait jamais vu ! Vous avez ensorcelé mon vieux garçon, ma petite Sylvie. Moi qui voulais vous inviter à venir passer quelques jours avec nous le mois prochain… j’ai peur, à présent, que vos beaux yeux fassent des malheureux parmi nos jeunes gens.

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