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Canadiennes d’hier

sa note haute sur le puissant chuchotement du grand fleuve.

J’ai quitté à regret le petit homme et son merveilleux domaine, le moment venu de me présenter chez vous. Je ne savais pas alors qu’un plus grand plaisir m’y attendait. J’allais vous rendre visite un peu par devoir, pour me conformer au désir de mon père, qui m’avait fait promettre au moment du départ, — puisque nous devions passer par Saint-Jean-Port-Joli, — d’aller le rappeler au souvenir de son aimable amie madame Tessier.

Vous aviez connu mes grands-parents, mes tantes, toutes les anciennes relations de notre famille… Comme vous m’avez parlé d’eux, chère madame, et avec quelle émotion ! Comme ils sont sympathiques, présentes par vous ! Étaient-ils vraiment ainsi, ou votre amitié embellissait-elle ces êtres chers que, moi, je n’ai pas connus ?

J’aurais préféré causer avec vous seule et vous demander quelques éclaircissements, mais la dame nerveuse qui était en visite chez vous n’entendait pas céder son tour de parole et mon beau-frère, après avoir flâné deux heures, était pressé de se remettre en route. Toute la famille m’attendait plus ou moins patiemment dans la voiture.

Si, au moins, nous avions pu nous arrêter en revenant comme nous nous l’étions proposé. J’aurais voulu vous présenter ma sœur, ses deux fils, et son mari, qui vaut aussi la peine d’être vu. C’est le parfait modèle du businessman moderne : un peu trop sûr de soi peut-être, mais très gentil.

Une vulgaire panne d’auto a dérangé tous nos

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