Toute part faite de l’exagération due à sa mauvaise digestion, je le crois sincère. Je suis persuadée qu’il ne verra pas mes projets d’un mauvais œil, surtout lorsqu’il connaîtra notre jeune ami. Je voudrais bien qu’il le voie avant l’été prochain. Si Jean est aussi digne que vous le dites d’être aimé d’une reine, il faut que je prenne les devants, que je m’assure de lui avant que les reines s’en avisent et se mettent en marche pour venir me l’enlever.
Je me méfie aussi des bergères. Dites-moi, les petites Bellanger qui vont aux renseignements chez M. Leclerc avec tant de sans-gêne, ne sont-elles poussées que par la curiosité ?
Chère gros’maman, surveillez mes intérêts et… parlez-moi de lui. Je vous embrasse affectueusement.
Ah ! chère enjôleuse, il faut donc en passer par ce que vous désirez et, à mon âge, jouer un rôle de vestale. Il est vrai que si je n’ai pas la sveltesse attribuée à ces jeunes prêtresses par l’image du Petit Larousse, j’ai presque l’innocence exigée pour l’emploi : il y a si longtemps que je suis veuve !
Bien ! je vais essayer de le conserver ce feu sacré, ma petite fille ; je crois que ça ne sera pas trop difficile.
De ma fenêtre, je vois souvent passer notre jeune ami depuis quelques semaines, mais je n’ai pas