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Canadiennes d’hier

P. S. — Mais ! elle est vieille Pauline Bellanger ! trois ans de plus que lui ! Moi. je suis son aînée de quelques mois seulement et j’ai honte de le dire : Elle peut se tenir tranquille !

Rassurez-moi, chère gros’maman, dites-moi qu’elle n’est pas à craindre. Est-elle jolie ? A-t-elle l’air maîtresse d’école ?

S. C.

Mme Tessier et Mlle Mlle Régina Dumas
à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 15 mars 1913.

Non, chère Sylvie, non, elle n’a pas précisément l’air « maîtresse d’école », mais elle a l’air décidé et ses yeux noirs sont plus vifs que doux. C’est de Pauline Bellanger qu’il s’agit. Assez grande, bien prise, elle a d’abondants cheveux bruns, le bout du nez un peu rond, une jolie bouche, un teint magnifique, et quand on dit magnifique, c’est signe que c’est beau, prétend Delvina Duvallon. Elle est éclatante, comme on dit. Quand Jean en était encore au poil follet, sa lèvre supérieure s’ornait déjà d’une petite moustache noire qui contrastait de façon gênante avec la blancheur de la peau. Depuis qu’elle fait l’école dans les environs de Montréal, ce petit ornement a disparu mystérieusement.

Chère enfant, c’est à mon tour de recommander la pondération. Notre beau gars connaît Pauline depuis toujours et il est encore garçon. Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de ne plus penser à elle.

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