mais la comparaison des textes montre qu’ils n’étaient tenus pour Aryas que par l’adoption religieuse, non par le sang. On les voit figurer d’abord dans le Sapta-Sindhou (le pays des sept rivières, le Punjab actuel) puis à l’Ouest de la Yamouna (Djamma) entre le Satadrou (Satledj) et les monts Vindhya. Leur nom reparaît au moyen-âge comme nom de race, de tribu ou même de lignée royale ; le moine tibétain que le roi Srong Tsan Gampo envoya au viiie siècle aux Indes, d’où il rapporta les livres bouddhiques et l’alphabet devanâgari, est appelé Thon-mi Sambhota, et ce dernier nom signifiant en sanscrit : le bon Tibétain, montre que l’usage du mot Bhota est bien antérieur à l’exode du bouddhisme fuyant devant l’Islam[1].
Les Bhoutias ou Bhôtyas, s’ils sont dénommés ainsi par les Hindous, ne portent pas eux-mêmes ce nom : les Tibétains les désignent sous celui, géographiquement exact, de Lho-pa ou Lho-rig « les gens du Sud », les Lepchas sous celui de Prou, qu’on suppose venir du tibétain Broug : Droug « le dragon du tonnerre » ou de Paro, l’une de leurs capitales. Eux-mêmes se nomment Droug-pa, d’après la secte lamaïque à laquelle ils appartiennent et qui porte ce nom où se retrouve le Droug précité : ils seraient donc « les hommes du dragon du tonnerre », ce que M. Waddell interprète en rappelant que le Bhoutan est la région la plus orageuse de l’Himalaya.
Les Droug-pa se divisent en clans désignés par des titres ou des noms de lieux, clans entre lesquels l’exogamie est de rigueur ; à côté d’eux d’autres
- ↑ On le trouve aussi, sous la forme Bhotta, dans une inscription du roi népâlais Civadévà datée du commencement du viiie siècle de notre ère (Sylvain Lévi, Le Nepâl, t. II, p. 168).