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Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/278

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M. Dranis reste un instant silencieux. Il prend Didier par la manche.

— Je suis le renégat, dit-il en ricanant, l’homme qui trahit sa classe.

On m’accuse de faire des affaires. C’est immoral, n’est-ce pas, mon petit, d’accepter un ministère quand on est l’élu du Parti ?

Ce n’est pas de l’immoralité, c’est de la fatigue. Je me suis lassé d’être le continuel opposant, de dire toujours non, de refaire le même discours, d’émettre la même protestation. Les forces qui étaient en moi m’obligeaient à jouer un rôle.

Notre siècle est celui des affaires. En aidant les affaires, je hâte les transformations sociales, je sers le progrès.

Et comme Didier fait un mouvement :

— Nigaud, je devine ta pensée. Quand on prononce devant vous autres le mot affaires, vous le traduisez par pots de vin, concussion, trafic de mandat, que sais-je ? Et pourtant, les pots de vins, la concussion, ça n’existe pas ! Il y a en réalité quelquefois, pas toujours, des commis-