Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/102

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Mais ce que la spéculation ne sauroit souvent prévoir et à peine empêcher, l’instinct de nature devoit trahir ou devancer les projets. La curieuse Clarence avoit mille fois regardé le jeune Barozzi, et, ignorante encore de la souillure promise à ses attraits naissans, elle trouvoit, dans le souvenir de la jeunesse pleine d’élégance du Vénitien, l’inspiration d’une image assidue et gracieuse.

Il étoit nuit. Assise, rêveuse, sur la terrasse de la maison de sa gardienne, Clarence prêtoit l’oreille, contemploit le ciel, l’horizon de la mer, et cherchoit une pensée qui pût occuper son esprit, prendre une forme sous son regard inquiet et passionné. La courtisane, silencieuse, étoit à ses côtés.

— Oh ! dame Rosalina, — s’écria tout à coup Clarence, — j’entends la barcarole ! c’est la voix du seigneur Barozzi.

— Un fou ! dit sèchement la Rosalina Mavredi.

— Un des beaux cavaliers de Venise !

— Sans fortune.