Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/101

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ment, rien n’avoit été épargné par la savante Mavredi, parfums des fleurs, étourdissement des fêtes, charme indicible des belles nuits contemplées pendant une course sur le golfe, bruits harmonieux et imprévus de la musique, culture des arts, dont Florence la belle répandoit les trésors sur l’Italie, comme la corbeille inclinée épand les fleurs qui la parfument, — tout ce qui pouvoit avoir sur les sens une action enivrante et séductrice, la courtisane l’employa pour instruire la fille de Michel de Nostredame, déjà trop oublieuse du toit qu’elle avoit déserté ; trop désireuse aussi de connoître ces plaisirs où s’altère la candeur de l’ame, où se flétrit l’innocence.

Cornaro, dont la famille avoit donné des doges à la république, sénateur, un des nobles les plus opulens de Venise, homme sans mœurs, — nous aurions dit sans probité, si l’absence de cette vertu n’eût pas été une capacité de plus chez l’homme d’état, — Cornaro étoit le cavalier de Venise choisi par la Mavredi, car le vieillard avoit donné beaucoup d’or à la courtisane.