Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/106

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— Oui, belle de Venise ! et ma Pisolere s’appellera Clarence. Je veux que, dans sa course, elle fasse jaillir l’eau dans la peote du vieux Cornaro, le lourd sénateur !

— Descendons de cette terrasse, interrompit la courtisane avec impatience. — La brise se forme, et vous pourriez, enfant, altérer au vent de la nuit vos chairs délicates.

Au moment où ces trois personnes descendaient l’escalier de la terrasse, Cornaro, le sénateur, entroit dans les appartemens de la dame Mavredi. Barozzi avoit eu le temps de prendre la main de Clarence, et d’y appuyer ses lèvres, il se retira, confiant à d’autres instans les espérances de son amour.

Tout étoit prêt pour cette dégoûtante fête : la prise de possession d’une jeune fille endormie par un misérable vieillard. Endormie, Clarence l’étoit, et du plus profond sommeil ; portée dans cet état sous les tentures d’une alcôve, où pénétroit le demi jour d’azur, produit par deux lampes enveloppées de globes en cristal bleu, elle étoit là, victime achetée.