Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/107

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Mais chacun avoit eu sa part dans le festin intime qui avoit dû servir de prélude à ce crime honteux. À Clarence de Nostredame, le narcotique ; à la dame Rosalina et au sénateur, la fatale liqueur inventée par le doge Pierre Polano.

La complice de Laure de la Viloutrelle cherchoit dans un sommeil tout étrange, même pour sa raison chancelante, l’oubli de son infâme marché : Cornaro, dans la solitude de l’appartement où reposoit Clarence, s’efforçoit de rassurer, par d’impurs désirs, ses esprits aux abois. Il s’approcha du lit ; avec une lame de poignard, d’une main encore assez ferme, il trancha brutalement la soie, les lacets du corsage, et ses regards troublés alloient s’arrêter sur les charmes qu’il venoit de mettre à nu, lorsqu’un homme, dressé depuis une minute derrière la jalousie de la fenêtre laissée ouverte, tomba d’un bond léger dans l’appartement ; d’une main jeta une écharpe noire sur le corps et la tête de Clarence, tandis que de l’autre il repoussa rudement le vieillard, dont la terreur commença et compléta la folie.