Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/108

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Cet homme, c’étoit Barozzi. Il éprouva un plaisir cruel à se placer face à face avec le sénateur, et se prit à rire, malgré sa jalouse colère, en voyant ce malheureux que sa fortune et son nom rendoient si puissant maintenant privé du flambeau de l’homme, devenir moins que la brute intelligente, et, pour ainsi dire cherchant, hébété, le genre de folie qui alloit convenir à ses organes. Cornaro, voyant rire, rit aussi, de manière à faire frissonner son ennemi ; car sa bouche seule étoit rieuse, ses yeux se chargeoient d’une indéfinissable expression de peur et de rage. — Excellence ! cria Barozzi en agitant le bras du vieillard.

— Quoi ? dit celui-ci.

— La nuit est devenue sombre, mais la lampe brûle…, tout dort dans Venise, Clarence aussi ; eh bien ! excellence, ne m’entendez-vous pas ?…

— Vous êtes un serviteur du doge, allez lui dire qu’Almida Folcarini veut à son tour épouser la mer.