Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/135

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saintement près du roi, tiendra lieu d’exorcisme. Allons, relevez ces beaux yeux, et dites à Henri qu’il revienne près de vous au retour de la chasse.

Le roi s’agenouilla sur le carreau, posa ses lèvres sur les lèvres de sa maîtresse, lui dit tout bas : À ce soir ! se releva et sortit. Dans la pièce voisine, il siffla ses lévriers, que Clarence entendit bondir autour de leur maître.

Restée seule, la fille de Michel de Nostredame jeta autour d’elle un regard de surprise, comme si l’aspect des lieux où elle se trouvoit l’eût frappée pour la première fois. Vingt-quatre heures écoulées avoient apporté un étrange changement dans sa destinée ; son esprit allait sans transition de la chapelle Sainte-Marine dans la chambre à coucher, si élégante et si riche, où elle s’étoit endormie, le roi de France à ses côtés. L’événement étoit trop brusque pour ne pas lui paroître un rêve, et, cherchant le vrai à travers le brouillard de ce rêve, à peine si elle y distingua Barozzi ; elle n’y reconnut que le religieux guillemite, dont les caresses venoient de réaliser pour elle les