Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/176

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rités qui condamnent une époque présente à subir la vue de son avenir.

Le médecin de Salon étoit bien loin cependant de songer à affecter une attitude en rapport avec le rôle bizarre que lui faisoient jouer la curiosité des grands, la pusillanimité de la reine ; simple en ses discours, comme tout homme loyal et véridique, simple en son maintien, comme le permet la haute supériorité de l’intelligence, mais l’ame remplie de pensées douloureuses, ulcérée par le sentiment de la honte imprimée à son caractère de citoyen et de père, par la prostitution de sa fille, il s’avançoit le visage austère, empreint d’une mélancolie sombre, à travers la haie soyeuse et dorée des courtisans. Le connétable marchoit à ses côtés, exprimant lui-même un visible embarras ; c’étoit un secret entre Nostredame et lui : il avoit voulu remplir le message confidentiel de Henri II ; et, tout en chevauchant à côté du modeste médecin, il lui avoit dit, avec cette assurance ordinaire aux gens de guerre, aux gens titrés, aux gens de cour :

— Maître, ne perdez le souvenir, dans l’il-