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Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/254

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si ma raison ne s’y refusoit. Je vous l’ai déjà dit ; je ne sais pas… Médecin, je n’ai pas même interrogé les ressorts physiques de mon existence, j’ai laissé faire à une merveilleuse faculté dont les premières perceptions me sont advenues même à un âge où l’homme ne sait point encore vouloir. Ma nature étoit sérieuse, de cuisans chagrins l’ont rendue souffrante ; — j’ai contrarié la maxime de Zénon, qui défend au sage de vivre dans la solitude, j’ai cherché l’isolement, j’ai habitué mon regard à supporter les ténèbres au milieu desquels je perdois le sentiment douloureux de mon existence sociale… Mais curieux de savoir et d’observer, j’ai cherché par la pensée ce qui se passoit dans ce monde, j’ai peuplé ma solitude avec les souvenirs des morts, avec les ombres des vivans ; les scènes de la vie contemporaine se sont reproduites sous mes yeux, comme dans soties et mystères ; mes personnages ont joué leur rôle, et moi, spectateur qu’aucune distraction ne troubloit, je jugeois leurs paroles et leurs gestes : — puis, s’opéroit dans mon esprit le travail d’induc-