Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/352

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l’ornement ; ses lèvres étoient couvertes d’une salive blanche, un cercle noir tranché cernoit ses yeux, les muscles de son cou étoient grossis et tendus. — Laure, dit Michel d’une voix encore distincte, mais bien foible, — la durée de l’huile qui alimente cette lampe, je l’avois calculée sur la durée de ma vie ; mais votre présence a hâté le moment… Une heure encore brûlera la lampe, — et je vais mourir !… Il se tut. Et sa main languissante eut encore assez de force pour replacer la lampe. Laure, n’entendant plus rien, comprit qu’elle alloit rester seule ! Elle se jeta à genoux, près de Nostredame le corps renversé en arrière, les bras roidis, les mains jointes, elle dit d’une voix sanglotante : — Sa vue s’éteint !… Horreur et torture ! mon enfer est ici, malheureuse femme ! mon ame ne quittera pas cette voûte, et plaintive, errante comme l’oiseau des nuits, elle se posera misérable sur ces tables de marbre… Dieu ! mon Dieu !… — Nostredame se ranima un peu… Ses yeux laissèrent échapper quelques larmes.

— Je te l’avois dit, pauvre créature, je