Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/70

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Depuis cinq semaines seulement il étoit à Venise, où Laure de la Viloutrelle résidoit depuis cinq ans, mais où, depuis cinq semaines aussi, elle étoit de retour, après une absence, amenant avec elle Clarence de Nostredame.

La jeune fille avoit été confiée à une Rosalina Mavredi, veuve, après avoir été dotée par un des neuf procurateurs par mérites de Saint-Marc. Rosalina Mavredi, arrivée sur le retour de l’âge, conservoit les prétentions d’une vie amoureuse et déréglée. Les plaisirs du monde et les événemens scandaleux exerçoient un droit de souvenir sur ses pensées aventureuses. Cette femme auroit entièrement perdu la nature de crédit, apanage des belles courtisanes, si, à des titres nouveaux, elle ne se fût créé des amis parmi les jeunes nobles dont elle avoit favorisé les pères. Riche, elle avoit un salon où les enfans des douze maisons électorales de Venise venoient apprendre le parlage et les façons d’être des raffinés qui naissoient en France. Dévote, elle avoit un oratoire où venoient tour à tour s’oublier discrètement, dans des pensées mondaines et