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1888. Il fut question de jouer une ou deux de ces pièces à la Comédie-Française. Mounet-Sully, qui les avait lues, en était enthousiasmé. Applaudissements, éloges ou promesses font partie du théâtre et n’engagent personne, puisqu’ils ne prouvent rien. Autant en emporte le vent. Un conflit d’acteurs s’éleva dans les coulisses. Le Bargy et Silvain désapprouvaient le choix. Le drame fut sacrifié. L’oubli l’enveloppa. Mais il faut souhaiter qu’un jour R. Rolland recherche, dans le carton où ils dorment, ces drames italiens et, les réunissant en un volume, en fasse le digne pendant de ses Tragédies de la Foi.

Deux années pleines (1889-90 et 1890-91) passèrent : années de travail et de réflexion, années de recherches[1] dans les bibliothèques pour la mise au point de sa thèse sur l’histoire de l’Opéra avant Lulli et Scarlatti. R. Rolland voulut les couronner royalement par une visite à Bayreuth, où Mlle de Meysenbug le reçut elle-même dans le parc de Wahnfried. Elle n’était pas venue saluer Cosima Wagner, sa fidèle amie, depuis 1883, depuis que le maître de l’Anneau des Nibelungen s’était endormi dans la mort. Ils s’inclinèrent ensemble devant la tombe où repose la dépouille humaine du poète ; ils assistèrent ensemble à une représentation de Parsifal,

  1. Pendant lesquelles R. Rolland ne rédigea que son « Mémoire » d’étude, obligatoire, en seconde année, pour les élèves de l’École. Ce Mémoire, dont le sujet était emprunté à l’histoire diplomatique du {sc|xvi}}e, était intitulé : Histoire des négociations diplomatiques depuis le sac de Rome jusqu’à la paix de Cambrai, d’après les lettres et instructions du cardinal Salviati, légat en France de juin 1527 à août 1529 et les documents du temps. Il parvenait à l’Académie des Inscriptions le 24 avril 1891, et était analysé par Gaston Boissier, dans le « Rapport annuel présenté au nom de la Commission des Écoles de Rome et d’Athènes ». (Cf. Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, 4e série, t. XIX, 1891, pp. 391-392.) Boissier, après quelques réserves, note déjà : « La narration de M. Rolland est intéressante et indique un véritable sens historique ».