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Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/51

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sives comme des sentences, que des périodes solennelles et guindées, aux mots vides de sens ? La création d’un théâtre du peuple se heurte à tant de difficultés et violente tant de préjugés que le temps seul peut gagner la victoire. Une édition du Théâtre du Peuple aux Cahiers de la Quinzaine (novembre 1903), bientôt suivie d’une réimpression à la Librairie Hachette (1904), furent assez vite épuisées pour que, moins de dix ans plus tard, en janvier 1913, R. Rolland consentît à le republier, en ajoutant ce sous titre : Essai d’esthétique d’un théâtre nouveau[1] et en le faisant précéder d’une préface. Le style de celle-ci en est moins prophétique, plus assagi ; mais la confiance reste la même, en « un art mâle et robuste, exprimant la vie collective et préparant, provoquant la résurrection d’une race ». Certes, il sait « qu’un art du peuple ne fleurit pas aisément d’une vieille terre, dont le peuple s’est laissé peu à peu conquérir par les classes bourgeoises » ; mais il a Confiance que le peuple va se réveiller et mériter ce théâtre qui sera le sien. L’heure est proche : « autour du camp l’ennemi rôde. Et c’est justement l’heure où, dans l’aube qui pointe, les clairons sonnent la diane. »


Les Vies des hommes illustres : Beethoven et Michel Ange


L’ouragan de l’affaire Dreyfus avait bouleversé la France. R. Rolland en avait souffert, mais il ne s’était pas « passionné pour cette cause jusqu’à la frénésie comme des milliers de Français, sur qui, pendant sept ans, passa le vent furieux

  1. Cf. Bibliographie no 19 C.