dramatique[1] devinrent le point de départ d’un livre enthousiaste et sincère qu’il nomma le Théâtre du Peuple,[2] violent réquisitoire contre la tragédie classique, le drame romantique et le théâtre bourgeois, plaidoyer généreux pour le théâtre nouveau, plus humain, plus fraternel, d’où doit éclore le bonheur et ressusciter la vie. Il dénonçait certaines tentatives « prétentieuses qui... tentent de s’emparer du beau nom de Théâtre du Peuple pour le dénaturer... Le Théâtre du Peuple n’est pas un article de mode et un jeu de dilettantes. C’est l’expression impérieuse d’une société nouvelle, sa pensée et sa voix... Il s’agit de fonder un art nouveau pour un monde nouveau... La vie ne peut être liée à la mort. Or, l’art du passé est plus qu’aux trois quarts mort... Ne tremblez pas autour de vos Louvres et de vos bibliothèques dans la crainte de les perdre. Regardez moins derrière vous et davantage devant... Ayez le courage de vivre et de mourir... sans attacher l’avenir au cadavre des siècles morts : ce qui a été, a été ; et nous cherchons en vain à en réchauffer l’ombre... Puisse l’art populaire s’élever sur les ruines du passé ! »
Il y avait dans ce plaidoyer une ardeur si juvénile, une assurance si sincère, que certains, craignant de se laisser convaincre, crièrent au scandale et prétendirent que ce n’était là, à tout prendre, que belles et sonores phrases de rhétorique. L’argument était trop facile pour être pris au sérieux. Peut-être, par endroits, pourrait-on découvrir quelque épithète audacieuse, quelque comparaison neuve, mais trop brutale. Mais est-ce que l’on a le loisir de polir son style quand on est emporté par le flot de ses idées ? et ne vaut-il pas mieux cent fois, pour la démonstration de ces vérités, des apostrophes nerveuses, des phrases hachées, courtes, brutales et inci-