de ce courant cosmopolite qui est une des richesses et une des puissances de notre littérature, » R. Rolland est de race française et son œuvre, quoiqu’on en ait dit, en témoigne. S’il ne ressemble pas à M. Barrès, ni à M. Paul Bourget, ni à M. Pierre Loti, ou s’il n’appartient pas non plus, comme le veut M. Albert Thibaudet, « à la lignée de Zola, » c’est qu’il est lui-même et un des reflets de notre génie, et qu’il « représente un visage de la France tourné vers le dehors, accessible au dehors ».
L’historien n’a pas à se poser en défenseur bénévole, ni à justifier le Prix Nobel attribué à R. Rolland. Mais il y a eu trop de mensonges et trop d’insinuations malveillantes pour ne pas leur opposer ici le démenti d’un texte et la preuve d’un document officiel. On sait, par l’article de M. Lavisse et le rapport de M. Étienne Lamy (cf. pp. 63 à 65), les raisons qui, en juin 1913, avaient décidé l’Académie Française à décerner à R. Rolland le Grand Prix de Littérature, de même on sait, par la notice de M. Sven Söderman[1], ce qui a déterminé le vote de l’Académie suédoise. Le Prix Nobel de littérature est décerné, aux termes du testament de l’ingénieur Alfred Nobel, « à celui qui aura produit l’ouvrage littéraire le plus remarquable dans le sens de l’idéalisme ». M. Sven Söderman a examiné les titres de R. Rolland et les a résumés en quelques pages qui doivent être citées, au moins par fragments.
Parlant de ses deux volumes de critique musicale, Musiciens d’autrefois et Musiciens d’aujourd’hui, M. Sven Söderman déclare que R. Rolland « s’y révèle comme un juge éminent, un critique équitable et hardi, qui n’a jamais de préven-
- ↑ Publiée dans Les Prix Nobel en 1914-1918, pp. 67-70.