Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/127

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chose de passablement clair sur la maniere dont les idées sont reproduites, il faut se rendre attentif à ce qui se passe dans l’organe à la présence de l’objet. Je ne parle encore que de la vision.

Des lames minces détachées de toute la surface des objets ou comme s’exprimoit l’antiquité, les especes des objets ne viennent point s’appliquer sur le fond de l’œil & ne donnent point naissance aux perceptions visuelles. Le tems a détruit ces chimeres assorties à l’enfance de la physique, et leur a substitué des vérités que l’expérience avoue. Un fluide plus subtil, plus élastique, plus rapide que tout ce que nous connoissons dans la nature, se réfléchit sans cesse de dessus les surfaces des corps & va peindre leur image sur la rétine. La lumiere est ce fluide. Les rayons lumineux qui partent de chaque point de l’objet & qui tendent à s’écarter les uns des autres à mesure qu’ils s’éloignent de ce point, sont admis dans l’œil par la prunelle. Ils en traversent les différentes humeurs, qui les plient à proportion qu’elles sont plus denses. Ce pli tend à les rappro-