Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/147

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Leur existence est d’être apperçus. Les sens ne sont que certaines idées auxquelles tient un nombre prodigieux de perceptions et de sensations différentes, que nous représentons par des termes. J’ouvre les yeux ; c’est-à-dire, je suis affecté de l’idée que j’ouvre les yeux, et aussi-tôt un grand nombre de perceptions s’offre à moi. Je mange ; c’est-à-dire, je suis affecté de l’idée que je prens de la nourriture, & en même tems j’ai plusieurs sensations que j’exprime par le terme de saveurs en lui joignant d’autres termes qui désignent les qualités ou l’espece de ces saveurs. Ces perceptions & ces sensations ne dépendent du tout point de ma volonté. Il n’est point en mon pouvoir de n’être pas affecté de certaines perceptions ou de certaines sensations quand je suis affecté de l’idée que j’ouvre les yeux ou que je prens de la nourriture. Dieu excite en moi ces perceptions & ces sensations suivant les loix que sa sagesse s’est prescrites. Mais, je puis par un acte de ma volonté & avec le secours de mon imagination réveiller en moi ces idées. Elles m’affectent alors d’une maniere